JeanLuc LAGARCE Juste la fin du monde (), 2020, Ed. F lammarion « Etonnants classiques » avec présentation, chronologie (Marchand), et Notes, Dossier et Cahier Photos (Chauvineau). ISBN 978-2-0815- 1844-5. 218 pages. RESUME DE LA PIECE par scènes RAPPEL : LISTE DES PERSONNAGES LOUIS, 34 ans 20 apparitions SUZANNE, sa sœur, Ceblog est destiné à mes élèves de secondes B et J, de première C et de terminale B (HLP). Accueil; Pages. AIDES POUR LA LECTURE EN SECONDE. KIT Louisa 34 ans. Telecharger Juste La Fin Du Monde Jean Luc Lagarce Les Solitaires Intempestifs Livres numériques Pdf et ePub Livres numériques Pdf et ePub Découvrez près de millions ebooks gratuits à télécharger dès maintenant aux formats Pdf et ePub ! C'est un spectacle gratuit qui se jouera pour la première fois à l'Antre 2 lors du festival interuniversitaire Tousles outils pour maîtriser la pièce de Jean-Luc Lagarce et le thème « Crise personnelle, crise familiale », au programme du nouveau Bac français. • Un résumé de la pièce • Des repères pour la lecture, scène par scène • Des clés pour analyser les caractéristiques majeures de l’œuvre : – le contexte de publication, Publiédans Révisions et Méthodologie d'Hubac, SAV des cours | Marqué avec bac, crise familiale, crise personnelle, cursive, Juste la fin du monde, Lagarce, lecture intégrale, oral, théâtre | Commentaires fermés sur 1èreG – Lectures intégrales THÉÂTRE – Printemps – Parcours: « Crise personnelle, crise familiale » sjy8nWx. La problématique posée par ce texte est celle de la finalité de ce prologue qui peut s’analyser en trois points l’attente de la mort, l’annonce de la mort et enfin la nécessaire illusion de la maîtrise de sa mort. repère JL Lagarce analyse Dans l’article précédent, nous nous sommes intéressés au titre de la pièce de Jean-Luc Lagorce, juste la fin du monde dont nous commençons aujourd'hui par la lecture analytique du prologue. Nous rappelons la problématique choisie en quoi le drame de Jean-Luc Lagarce Juste la fin du monde est-il placé sous le signe de l’étrangeté ? Il vous est proposé d’analyser le texte en vous fondant sur la méthode des 6 GROSSES CLEFS © qui se décompose comme suit Gr grammaire C Conjugaison OS oppositions le champ lexical SE les 5 sens FS figures de style LOUIS. – Plus tard‚ l’année d’après – j’allais mourir à mon tour – j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que jemourrai‚ l’année d’après‚ de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à ne plus savoir‚ de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini‚ l’année d’après‚ comme on ose bouger parfois‚ à peine‚ devant un danger extrême‚ imperceptiblement‚ sans vouloir faire de bruitou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vousdétruirait aussitôt‚ l’année d’après‚ malgré tout‚ la peur‚. prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚ malgré tout‚ l’année d’après‚/ je décidai de retourner les voir‚ revenir sur mes pas‚ aller sur mes traces et faire le voyage‚ pour annoncer‚ lentement‚ avec soin‚ avec soin et précision – ce que je crois – lentement‚ calmement‚ d’une manière posée – et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours été un homme posé ?‚ pour annoncer‚ dire‚ seulement dire‚ ma mort prochaine et irrémédiable‚ l’annoncer moi-même‚ en être l’unique messager‚/ et paraître – peut-être ce que j’ai toujours voulu‚ voulu et décidé‚ en toutes circonstances et depuis le plus loin que j’ose me souvenir – et paraître pouvoir là encore décider‚ me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas trop tard et tant pis‚ me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître. Jean-Luc Lagarce, Prologue de Juste la fin du monde» Plan et problématique La problématique posée par ce texte est celle de comprendre la finalité de ce prologue. Ce monologue peut se décomposer en trois mouvements principaux l’attente de la mort début … “l’année d’après” l’annonce de la mort jusqu’ à … “messager” illusion de la maîtrise la fin. L’attente de la mort Cette attente se fait au travers d’une délibération intérieure, du recours à une temporalité floue qui s’explique par le rôle spectral joué par Louis. a une délibération intérieure Dans ce prologue, c’est le protagoniste principal, Louis, qui prend la parole. Pour cela, on trouve l’omniprésence du pronom personnel “je”. Pour exposer l’enjeu de la pièce, à savoir l’annonce de sa propre mort, l’auteur évoque le champ lexical du combat avec une certaine emphase et dans un registre épique “danger extrême” “ennemi” “détruire” “sans faire de bruit” “geste violent” “la peur” “risque “survivre”. On sait que cette mort cache en fait le nom de la maladie, jamais révélée, ce qui produit paradoxalement un effet de litote. Par ailleurs, ce texte est rempli de silences hésitants avec de nombreuses virgules, des tirets donnant un rythme haché. L’auteur laisse à penser que le personnage réfléchit de manière spontanée, au fil des mots ’j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai‚ l’année d’après‚ de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à ne plus savoir‚ de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini‚ l’année d’après‚ comme on ose bouger parfois‚ à peine‚” b La temporalité floue La scène emploie par ailleurs de très nombreux connecteurs de temps “mois” “année” “maintenant” “parfois” “plus tard” et sa redondance “l’année d’après” souvent répétés. Non seulement, ils ne donnent pas paradoxalement un cadre temporel précis, mais ils créent, au contraire, un sentiment d’étrangeté. En effet, le début du prologue met en exergue “Plus tard, l'année d’après”, mais ces deux connecteurs ne sont pas suivis par le futur attendu. “ Plus tard‚ l’année d’après – j’allais mourir à mon tour –” Ainsi l’annonce de la mort à venir se fait curieusement à l’imparfait “j’allais mourir”. Ce verbe emploie de surcroît une tournure progressive, sur le point de avec le verbe aller, mais l’auteur fait le choix du passé. Quelles sont les impressions qui en découlent ? La première impression qui s’offre à nous, c’est la création d’un sentiment de malaise. La seconde nous conduit à penser que celui qui parle se situe manifestement hors du temps. Il parle ainsi d’outre tombe. Comment peut-on le justifier ? On ne peut pas dire au passé que l’on va mourir, sauf à prendre la place du chœur antique qui surplombe de part en part la tragédie. Et c’est ce que Jean-Luc Lagarce a cherché à faire en faisant jouer ce rôle au protagoniste principal de l’action. Mais il le fait d’une manière bien particulière. c l’image du spectre Jean-Luc Lagarce recourt à une image presque shakespearienne en établissant Louis sous l’apparence d’un personnage spectral. Louis, le spectre, peut donc parler à tous les temps sans que cela ne choque. Voyons ensemble la succession des temps le présent, le futur, l’imparfait. On note ainsi que le présent est utilisé avec les tournures “j’ai” et “c’est”, “on ose”; mais ce présent de narration est cette fois combiné avec le futur “c’est à cet âge que je mourrai” l’auteur cherche à donner un caractère solennel à la mort à venir. Puis, ce sera au tour de l’imparfait "j'attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à ne plus savoir‚ de nombreux mois que j’attendais “ l’imparfait sert à montrer l’habitude prise dans le passé ; cette habitude est présentée de manière péjorative avec les négations “ne rien faire” “ne plus savoir” et le verbe “tricher” “d’en avoir fini”. Puis l’auteur recourt une nouvelle fois au présent “on ose bouger”. Pourquoi cette succession de temps ? Jean-Luc Lagarce cherche à recréer le cycle de la vie, le passé, le présent, le futur qui font toute la destinée humaine. Mais c’est justement cette finitude qui a été dépassée par le personnage spectral de Louis dans ce prologue. Nous verrons que cette annonce justifie le retour de Louis chez les siens. retour de Louis Ce retour de Louis présente des contours flous vers une famille non nommée et l’oblige à effectuer une démarche pénible. a une famille non nommée On a vu que le premier mouvement met en scène le pronom personnel “je”, le second s’ouvre sur le rapport de Louis aux autres. L'altérité lie le “je” aux autres, les destinataires de l’annonce. Curieusement, ces derniers sont nommés de manière vague et indéfinie comme le suggèrent les tournures “aux autres‚ et à eux” et de manière définie avec les pronoms personnels “les” et plus tard dans le 3e mouvement, “toi‚ vous‚ elle”. Dans les deux cas, toute identification est impossible et c’est ce qui donne un sentiment de malaise. Qui sont donc ceux qu’il va revoir ? La réponse est en creux avec les verbes de mouvement “retourner”/“revenir” possédant le même préfixe de réitération “re” et qui forment une redondance d’un retour en arrière. On a le même procédé avec les deux verbes suivants “aller sur mes traces” et “faire le voyage” on comprend alors qu’il s’agit d’une démarche compliquée avec le choix d’un rythme quaternaire. Il s’agit de souligner le retour difficile de Louis vers sa famille. On note aussi le passage de l’extérieur vers l’intériorité du foyer. b une démarche pénible Cette démarche dynamique s’oppose à l’annonce qui, elle, prend une forme toute statique avec le recours aux verbes de parole "annoncer", “crois”, “dire”. Ce sentiment statique repose également sur les nombreux adverbes de manière qui sont répétés comme avec “lentement”, “avec soin” “seulement dire” ; ils sont aussi similaires avec l’effet de la redondance “avec soin et précision”, “calmement‚ d’une manière posée”. Ce rythme prend donc un aspect délayé. Pourquoi ? Lagarce signifie par là toute la difficulté pour Louis d’annoncer sa mort aux siens. Quel type de difficultés ? L’insistance sur le calme montre bien l’effort auquel Louis doit consentir dans sa prise de parole. Il essaie de s’en convaincre lui-même par le truchement de la phrase interrogative “et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours été un homme posé ?” On verra dans une prochaine analyse le caractère particulièrement dysfonctionnel de cette famille dans son expression verbale… L’insistance signifie aussi la pudeur et la retenue de celui qui va annoncer sa mort. Il cherche à la faire entrer dans le champ du normal avec le passage du verbe “annoncer“ qui présente un aspect solennel à “dire” qui est de l’ordre du quotidien. La difficulté d’une telle parole résulte également de la répétition “seulement dire‚” qui donne un aspect de litote, amoindrissement le tragique et cette figure de style s’oppose à l’énumération des adjectifs qualificatifs épithètes “prochaine et irrémédiable”‚ et à la redondance “ma mort”/“moi-même”. L’auteur puise encore dans le répertoire de la tragédie avec le terme de “unique messager”, celui en charge d’une mauvaise nouvelle, qui comme le chœur est joué par le protagoniste principal de l’action. de la maîtrise de sa mort Le monologue se poursuit par la reprise de la délibération intérieure de Louis avec une tentative de reprise du contrôle de sa vie et de la question de la maîtrise de sa mort. a le contrôle de sa vie Ce monologue s’achève par un point final à l’issue d’une sorte de méditation. L’auteur reprend les mêmes procédés d’hésitation, “peut-être”, de ponctuation du silence avec les nombreuses virgules et de répétition avec les verbes “ paraître” “voulu” “donner” donnant l’impression d’une recherche du mot juste. Dans ce dernier mouvement, Louis tente de reprendre le contrôle sur sa vie. Pour cela, l’auteur recourt aux verbes forts du champ lexical du commandement “pouvoir” “voulu” “décidé” “donner” qui s’opposent à des verbes marquant l’incertitude tels que “paraître”, verbe d’état, qui évoque l’apparence ou la tentative avec le verbe “ose”. L’auteur essaie de se définir et d’inclure la mort dans sa manière d’agir. L’adverbe “toujours” le situe sur une trajectoire immuable qu’il accentue avec la redondance “ depuis le plus loin”. Mais on est dans la tentative, non dans son achèvement. En effet, cette affirmation n’est pas sûre ; Louis tente de s’en convaincre lui-même par la répétition “me donner et donner aux autres" on relève là encore l’opposition respective entre moi et les autres. Cet ordre montre l’importance de l’image qu’il a de lui-même qui prime sur celle que les autres ont de lui. L'altérité reste donc compliquée pour lui avec la persistante difficulté à nommer ce qui n’est pas lui, au travers de cette longue périphrase “tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas trop tard et tant pis”. Cette délibération finale vise à donner du sens à cette annonce de sa mort. b maîtrise de sa mort On est dans ce dernier mouvement sur l’annonce des motifs qui le poussent à annoncer son décès. Louis cherche à maîtriser l’annonce de sa disparition puisqu’il ne peut empêcher la venue de sa mort avec les adverbes de temporalité “trop tard”/“tant pis” /“dernière fois”. Mais là encore, cette maîtrise est approximative, car il omet le complément d’objet direct dans cette phrase “me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚” Donner quoi ? Il se dispense de nommer ce qu’il ne conçoit pas encore dans son esprit. Il faut attendre la phrase suivante pour comprendre qu’il cherche à maîtriser … une “illusion”, ce qui revient en fait à ne rien maîtriser du tout. Cette illusion se fonde sur deux éléments importants sa responsabilité vis à vis de lui-même et la maîtrise de sa mort “donner ... l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître” on note la redondance moi-même » et propre » entrant dans un schéma d’autopersuasion. Car cette illusion, aussi fausse soit-elle, reste nécessaire à ses yeux, comme un acte de volonté de l’homme. repère à suivre la crise du langage PODCAST. Lors de votre oral de français au bac, vous devrez présenter une œuvre littéraire. L’Étudiant fait le tour des œuvres au programme et de ce qu’il faut en retenir. Retrouvez tous les conseils de professeurs et tous les points-clés à ne pas manquer pour bien présenter l'œuvre le jour de votre oral de français. L’Étudiant vous accompagne dans votre préparation du bac de français en examinant les œuvres au programme de l’année de première. Dans cet article et ce podcast, Anne-Laure July, professeure de français au lycée Alain Borne de Montélimar 26 et Sonia Arbaretaz, professeure de français au lycée Fénelon Sainte-Marie de Paris 75, nous aident à analyser "Juste la fin du monde" de Jean-Luc Lagarce pour en faire la meilleure des présentations le jour de l'oral de français. L’oral de français du bac se déroule en deux parties une sur un texte étudié en classe et l'autre, sur une œuvre littéraire que vous aurez choisie. Vous pouvez la sélectionner dans la liste des œuvres au programme ou dans la liste complémentaire proposée par votre professeur."Juste la fin du monde" au bac une œuvre sur le sida, un tabou en 1990Cette pièce de théâtre est écrite en 1990, durant les "années sida". Pour bien présenter cette œuvre, il faut se replonger dans cette époque où conseille la professeure. D’ailleurs, la pièce est d’abord refusée par tous les comités de lecture et elle ne sera montée qu’en 1999."la séropositivité et l’homosexualité sont encore des sujets dérangeants", L’intrigue prend donc place dans ce contexte de non-dits et, justement, la parole n’est pas encore libérée comme elle peut sembler l’être aujourd’hui. "résume l’enseignante. Chaque personnage se reprend sans cesse, en essayant de chercher le mot juste. Et le lecteur est finalement témoin d’un échec de la attendons l’aveu du personnage principal pendant toute la pièce. Mais il ne vient jamais", L’enseignante vous conseille de regarder quelques extraits de mise en scène ou d’adaptation de la pièce pour mieux comprendre cet aspect. Par exemple, les lectures du Théâtre à la table de la Comédie-Française de novembre 2020 ou encore l’adaptation de la pièce en film, réalisée par Xavier Dolan, en pièce de Jean-Luc Lagarce à caractère autobiographique qu’il faut s’approprierSans être totalement autobiographique, Jean-Luc Lagarce parle aussi de son histoire dans cette œuvre. À la fin, le personnage de Louis regrette de ne pas avoir poussé "un grand et beau cri". appuie Anne-Laure July. "Il faut comprendre que c’est Jean-Luc Lagarce qui pense derrière Louis", Je pense que c’est une bonne idée de choisir un personnage et puis de l’approfondir dans l’analyse". Publisher Description Tous les outils pour maîtriser la pièce de Jean-Luc Lagarce et le thème Crise personnelle, crise familiale », au programme du nouveau Bac français. • Un résumé de la pièce• Des repères pour la lecture, scène par scène• Des clés pour analyser les caractéristiques majeures de l’œuvre – le contexte de publication,– la structure,– les personnages,– les principaux thèmes, dont celui du parcours Crise personnelle, crise familiale »,– l’écriture et les procédés.• Des points de grammaire • Des sujets d’écrit et d’oral Nouveau Bac et leurs corrigés GENRE Fiction & Literature RELEASED 2020 2 September LANGUAGE FR French LENGTH 96 Pages PUBLISHER Hatier SELLER Hachette Livre SIZE MB More Books by Florian Pennanech Customers Also Bought Publisher Description Tous les outils pour maîtriser la pièce de Jean-Luc Lagarce et le thème Crise personnelle, crise familiale », au programme du nouveau Bac français. • Un résumé de la pièce• Des repères pour la lecture, scène par scène• Des clés pour analyser les caractéristiques majeures de l’œuvre – le contexte de publication,– la structure,– les personnages,– les principaux thèmes, dont celui du parcours Crise personnelle, crise familiale »,– l’écriture et les procédés.• Des points de grammaire • Des sujets d’écrit et d’oral Nouveau Bac et leurs corrigés GENRE Fiction & Literature RELEASED 2020 2 September LANGUAGE FR French LENGTH 96 Pages PUBLISHER Hatier SIZE MB More Books by Florian Pennanech Customers Also Bought Sujet d'oral • Explication & entretien Lagarce, Juste la fin du monde, prologue 20 minutes 20 points 1. Lisez le texte à voix proposez-en une explication. Document Il s'agit du début de la pièce. Prologue Louis. – Plus tard, l'année d'après – j'allais mourir à mon tour – j'ai près de trente-quatre ans maintenant et c'est à cet âge que je mourrai, l'année d'après, de nombreux mois déjà que j'attendais à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir, de nombreux mois que j'attendais d'en avoir fini, l'année d'après, comme on ose bouger parfois, à peine, devant un danger extrême, imperceptiblement, sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l'ennemi et vous détruirait aussitôt, l'année d'après, malgré tout, la peur, prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre, malgré tout, l'année d'après, je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage, pour annoncer, lentement, avec soin, avec soin et précision – ce que je crois – lentement, calmement, d'une manière posée – et n'ai-je pas toujours été pour les autres et eux, tout précisément, n'ai-je pas toujours été un homme posé ?, pour annoncer, dire, seulement dire, ma mort prochaine et irrémédiable, l'annoncer moi-même, en être l'unique messager, […] Nous n'avons pas eu l'autorisation de reproduire les 9 lignes qui terminent le prologue. Vous pouvez retrouver le texte intégral de cette scène dans l'édition des Solitaires intempestifs 2016. Lagarce, Juste la fin du monde, Prologue, 1990. 2. question de grammaire. Analysez l'interrogation dans ce passage et n'ai-je pas toujours été pour les autres et eux, tout précisément, n'ai-je pas toujours été un homme posé ? » l. 26-27. Conseils 1. Le texte Faire une lecture expressive Ce prologue est une confession de Louis au public votre lecture doit faire sentir le caractère intime et sensible de ces aveux. Louis parle en homme lucide, qui sait qu'il va mourir il faut que vous fassiez entendre l'aspect tragique de la situation. Situer le texte, en dégager l'enjeu Dans ce prologue, Louis annonce sa détermination à revenir vers les siens pour leur annoncer sa mort prochaine. Demandez-vous en quoi ce texte exprime les tourments intérieurs du personnage. Montrez qu'il construit une attente Louis parviendra-t-il ou non à annoncer sa mort à sa famille ? 2. La question de grammaire Repérez les différentes marques de l'interrogation ponctuation, place des mots, intonation… et demandez-vous ce qu'elles signifient sur le plan syntaxique. Étudiez la portée pragmatique de cette interrogation quel sens a-t-elle dans le discours ? 1. L'explication de texte Introduction [Présenter le contexte] Le théâtre de Jean-Luc Lagarce interroge la difficulté à dire la vérité sur soi, mais aussi la complexité des relations familiales. [Situer le texte] Dans Juste la fin du monde, Louis revient dans sa famille après des années d'absence. Au début de l'œuvre, dans un prologue rappelant le théâtre antique, le personnage présente les raisons de ce retour l'annonce de sa mort prochaine. [En dégager l'enjeu] En quoi ce prologue montre-t-il les tourments intérieurs du personnage ? Explication au fil du texte Un personnage face à sa propre mort l. 1-14 Au seuil de la pièce, dans un monologue singulier, Louis se fait narrateur de sa propre vie il annonce le thème de la pièce un homme revient vers les siens pour leur annoncer sa mort prochaine et crée d'emblée un sentiment d'urgence temporelle il nous apprend que ses jours sont comptés. La parole s'inscrit dans un futur prophétique à travers l'entêtant leitmotiv Plus tard, l'année d'après ». Le jeu troublant des temps verbaux donne le sentiment que Louis, conscient de sa propre disparition, est suspendu entre la vie et la mort j'allais mourir », j'ai près de trente-quatre ans maintenant », je mourrai ». La parole est lancinante, répétitive ; le personnage ressasse cette attente solitaire. Le parallélisme insiste sur ses tourments existentiels j'attendais à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir, […] j'attendais d'en avoir fini » ; l'anaphore de nombreux mois » inscrit cette souffrance dans une longue durée indéterminée. Le personnage éprouve cependant le besoin physique de réagir à la mort qui vient, par une sorte de réflexe instinctif qu'exprime la subordonnée de comparaison comme on ose bouger parfois, / à peine / devant un danger extrême ». La décision du retour l. 15-27 Revenir vers les siens n'est pas chose aisée. La répétition de la formule concessive malgré tout » rythme l'expression de la détresse la peur, / prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre ». Le personnage annonce son choix à travers le passé simple je décidai », qui semble constituer le verbe principal de l'unique longue phrase, aux nombreux détours, qui compose ce monologue. Il opère un retour vers sa famille, vers ses origines dans un moment de crise retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage ». Le personnage insiste lourdement sur la manière dont il doit annoncer sa mort lentement, avec soin, avec soin et précision […] lentement, calmement, d'une manière posée ». L'interrogation rhétorique qui suit interroge le rapport entre qui l'on est et l'apparence que l'on donne pour sa famille, Louis est toujours apparu comme un homme posé ». Une annonce tragique et dérisoire l. 28-32 des points en + Comme dans les tragédies antiques où une divinité pouvait prononcer le prologue, Louis ressemble à Hermès, dieu messager chargé de guider les âmes des morts vers l'autre monde. L'objet de l'annonce est enfin prononcé comme une condamnation tragique ma mort prochaine et irrémédiable ». La parole revient avec insistance sur elle-même, comme s'il s'agissait pour Louis de se conforter dans une résolution difficile mais essentielle annoncer, / dire, / seulement dire ». Confronté à sa finitude, Louis trouve dans la maîtrise du discours un semblant de prise sur son existence il s'agit d'être l'unique messager » de sa mort. Ce besoin de s'affirmer une dernière fois, par fidélité à soi, perce à travers l'usage des pronoms de première personne l'annoncer moi-même ». Conclusion [Synthèse] Dans ce prologue, le personnage principal de la pièce expose au spectateur les raisons de sa décision de revenir près des siens. Ce faisant, il dévoile sa volonté de rester maître de sa propre destinée, ce qui est une manière de rester vivant jusqu'au bout alors que la vie lui échappe. [Ouverture] L'épilogue de la pièce constitue un écho tragique au prologue Louis y fera l'amer constat de son incapacité à révéler la vérité à sa famille, avec une voix d'outre-tombe Je meurs quelques mois plus tard ». 2. La question de grammaire et n'ai-je pas toujours été pour les autres et eux, tout précisément, n'ai-je pas toujours été un homme posé ? » Cette interrogation est directe, comme le montre le point d'interrogation final, ainsi que l'intonation ascendante à l'oral. Elle est de registre soutenu le sujet je est inversé par rapport à l'auxiliaire du verbe ai été. Elle est totale pas de mot interrogatif introducteur limitant la portée de la question. De forme négative, elle doit être interprétée comme une question rhétorique, qui implique le contraire de ce qu'exprime sa forme Louis affirme ainsi qu'il a toujours été pour les autres et eux […] un homme posé ». Des questions pour l'entretien Lors de l'entretien, vous devrez présenter une autre œuvre que vous avez lue au cours de l'année. L'examinateur introduira l'échange et peut vous poser des questions sous forme de relances. Les questions ci-dessous ont été conçues à titre d'exemples. 1 Sur votre dossier est mentionnée la lecture cursive d'une autre œuvre associée au parcours Crise personnelle, crise familiale » Le Retour au désert de Koltès. Pouvez-vous en résumer brièvement l'intrigue ? 2 Quelle est la place des enfants dans cette crise familiale ? 3 Quels points communs et quelles différences peut-on observer entre le retour de Mathilde et celui de Louis dans Juste la fin du monde ? Quelles conséquences ces retours ont-ils sur la famille ? 4 Expliquez les liens de cette pièce avec le thème du parcours.

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